La découverte de C. (je l'appellerai K. par la suite) il y a plus de deux ans était inattendue, je l'avais observée à une soirée chez mes parents dans un chalet à la montagne. Nous étions bien une petite vingtaine ce soir là.
Elle écoutait les invités avec beaucoup d'attention, elle ne parlait pas beaucoup, juste ce qu'il fallait pour que son entourage se découvre de lui même.
La plupart l'aurait ignorée, elle se fondait dans la soirée au même rythme que la tombée de la nuit, tel un félin attentif et discret.
Elle m'intriguait, ses yeux d'un mélange de mer et de neige pouvaient paraître sévères à première vue, mais dès que mon regard se posa sur sa bouche alors je découvrais une tendresse incroyable, son visage rond et ovale trahissait sa générosité et cela m'attirait. Elle était discrète et je l'observais pendant des heures , comme lorsque j'étais petit, je regardais les étoiles et j'essayais de trouver celle qui était la moins lumineuse de toute, celle que les autres ne pouvaient voir, je la choisissais comme mon étoile bienveillante.
A cette époque je me reconstruisais, lentement mais surement vestige d'une histoire amoureuse qui s'était mal terminée, j'avais aimé pendant près de 6 années avec les hauts et les bas que chacun connait.
J'en étais arrivé au stage de ce que j'appelle "le cercle vertueux", celui qui nous permet de retrouver son identité, ce cercle qui nous fait progresser dans nos domaines de prédilection.
J'arrivais à sortir régulièrement, à travers mes activités, à découvrir de nouveaux visages de nouvelles personnalités, j'avais réussi à trouver l'équilibre dont j'avais besoin à ce moment précis de ma vie ...
Grâce au cadre et à la montagne K. décida finalement de repousser son retour, à ma grande joie et nous projetâmes alors de faire une ballade le lendemain. J'ai senti au moment de notre première ascension ensemble qu'elle avait besoin de se défouler, elle n'était pas trop ballade mais elle s' accrochait ronchonnent de temps à autre le temps de la montée, du coup j'en profitais pour lui parler je voulais la connaître, lui permettant ainsi d'oublier la dure montée que nous entamions.
Je ne connaissais pas son histoire si ce n'est qu'elle aimait la montagne et le sport, elle avait une voix d'enfant ça m'avait frappé au début. Cette voix me manque aujourd'hui... Je suis très sensible au son.
Nous avions atteint le refuge, c'était un très bon moment.
K. repartait pour Grenoble mais je l'invitais quelques mois après sa reprise, je n'avais qu'une hâte, la revoir.
J'étais seul au chalet à ce moment là et malgré tout elle était venue me voir, sans vraiment me connaître, j'appréciais ce courage.
Nous avons discuté des heures ce long week-end là, j'étais surpris de voir à quel point elle était mature, malgré sa voix d'enfant. Elle savait ce qu'elle voulait, nous avions les mêmes valeurs, les mêmes attentes...
Un ou deux week-end plus tard elle revenait me voir dans mon fief, la semaine j'avais un tonus incroyable pour entreprendre mes recherches, pour m'activer, je ne pouvais pas m'arrêter, le cercle vertueux n'était pas touché. C'était ma crainte la plus forte. Avant tout j'avais besoin de mon identité, de ma force pour entreprendre cette remontée..
La deuxième fois comme la première nous avons discuté des heures à la nuance près que nous nous sommes découvert aussi sous un autre angle, j'avais peur de tomber amoureux inconsciemment peur de devoir refaire le chemin que j'entreprenais à cause d'une autre rupture. (et oui je projetais tellement trop là ...)
Les dégâts de ces 10 dernières années étaient important d'un point de vue familial, sentimental et personnel : mais K. a été plus forte que mes craintes, plus volontaire aussi, je ne l'ai pas empêchée au contraire, je me sentais en sécurité dans ses bras, c'est étrange comment les femmes apportent cette force aux hommes ...
Une semaine après je venais la voir à Grenoble pour son diplôme mais là drame !!! je me suis complètement planté, je me suis perdu dans le complexe universitaire de Grenoble, j'ai bien demandé mon chemin 5 ou 6 fois, on m'a proposé 2 ou 3 directions différentes, aucune correcte.. conclusion je ratais sa présentation. L'effet en était pour le moins décevant, je pense qu'elle m'en a voulu, son mémoire était top, bien écrit, enrichissant ... la voir le présenter m'aurait beaucoup plu.
Je repartais le soir même, je culpabilisais de ne pas travailler, je ne me souviens plus mais c'était en début de semaine, et j'attendais des retours de ma recherche d'emploi, je devais être capable de me présenter le jour même si on m'appelait ... Après réflexion, je pense que je n'aurai pas dû partir ce soir là, j'étais pas bien et je ne voulais pas lui dire ou lui montrer je me sentais décalé de ne pas travailler j'avais pas besoin de me sentir dévalorisé surtout que pour faire face aux entretiens, il me fallait avoir confiance en moi.